Les élèves de la section Cinéma-AudioVisuel du lycée Rostand ont passé la journée du 30 septembre au FIGRA (Festival International du Grand Reportage d’Actualité & du documentaire de société) au cinéma « Majestic » à Douai. Ils ont découvert trois reportages :
- Crimes de guerre au Yémen, les complicités européennes d’Alexandra Jousset et Matthieu Besnard, 2017 qui dévoile la vente d’armes par des pays européens (France, Allemagne et Royaume-Uni) à l’Arabie saoudite qui s’en sert ensuite pour bombarder le Yémen et faire périr des civils innocents. « Je ne savais pas que de tels actes étaient réalisés. Les pays qui fournissent le matériel militaire ont pour moi autant de responsabilité que le pays qui fait la guerre. » (Mattéo) ; « On y voit des scènes choquantes […] comme lorsque la journaliste interviewe une soignante et qu’un nouveau-né décède en direct de malnutrition ou lorsqu’on assiste à la mort d’un groupe de collégiens1 au début du film. » (Abygaëlle).
- Scolopendres et papillons de Laure Martin Hernandez et Vianney Sotès, 2020 qui aborde le douloureux sujet de l’inceste à travers trois portraits de femmes qui en ont été victimes et qui essayent de se reconstruire. La projection a été suivie d’une rencontre avec la co-réalisatrice qui a expliqué les conditions de tournage et tout le travail qu’ils ont fait pour gagner la confiance des victimes et les amener à se confier devant la caméra. « J’ai beaucoup aimé la séquence d’ouverture du film, très dure à regarder, avec ce plan portrait sur le visage d’une femme qui nous raconte les choses horribles qu’elle a subies, avec des mots très durs à entendre. » (Nabil) ; « Ce film m’a beaucoup touchée. Là où j’ai ressenti le plus d’émotion, c’est lorsqu’Agnès apprend que son père va être libéré et qu’elle, elle est toujours traumatisée par les attouchements qu’elle a subis. » (Zinnia) ; « Ces femmes utilisent l’art comme une force, comme un allié pour passer outre les horreurs qu’elles ont vécues et comme un moyen de sensibilisation grâce à la broderie, au théâtre… » (Annabelle).
- Frontières Sud de Joseph Gordillo, 2021 qui nous montre le quotidien d’enfants migrants marocains bloqués dans l’enclave espagnole de Melilla et rêvant de gagner l’Europe. « On les voit avec peu de moyens mais avec un grand sourire qui réchauffe le cœur. En les voyant, on se dit qu’on a de la chance d’avoir ce qu’on a. » (Arthur) ; « C’était mon film préféré car en ce moment, on travaille sur les migrants en français : c’était donc intéressant de regarder un film sur ce thème. » (Lunis) ; « J’ai apprécié la sincérité du tournage qui ne cachait pas les sujets sensibles comme les policiers menaçant ou frappant les migrants. » (Paul-Antoine).
Les élèves ont ensuite participé à un atelier de pratique journalistique animé par Ulysse Mathieu et Amanda Jacquel, deux journalistes indépendants du collectif « La Friche ». Les élèves ont été répartis par groupes de cinq et chaque groupe a choisi un support média (vidéo, radio, presse écrite). Ils ont ensuite reçu, via Whatsapp, une fausse vidéo dans laquelle on voit une enseignante agresser un journaliste au FIGRA. Ils ont dû produire un sujet relatant ce fait divers. Leur tâche s’est compliquée quand les réactions se sont mises à affluer de toutes parts sur la boucle Whatsapp : festival, syndicat de journalistes, syndicat enseignant, autorités, féministes… Les élèves ont dû composer leur sujet en tenant compte de ces éléments. L’atelier a duré deux heures et a donné lieu à une confrontation des différentes productions des élèves. « A la base, on nous a dit que la professeure était une criminelle qui a poussé sans raison le journaliste alors qu’au final, nous avons appris qu’il lui avait dit des choses sexistes. » (Nabil) ; « Je ne pensais pas qu’ils étaient aussi saturés d’informations : le nombre de propos, images, nouvelles, informations par minute est juste énorme ! Cela nous a permis de mieux comprendre le phénomène des fake news. » (Mattéo) ; « J’ai appris qu’il était important de donner ses sources et de hiérarchiser l’information. » (Amine) ; « J’ai aimé le fait qu’Ulysse et Amanda étaient des journalistes ayant travaillé pour des grandes chaînes comme TF1 ou BFM et qu’ils ont préféré devenir indépendants pour prendre plus de sujets qui les intéressent. » (Orlane).
Une journée d’éducation aux médias très enrichissante qui a permis aux élèves de la section CAV de s’immerger dans le cinéma du réel !
1 NDLR : bus scolaire bombardé par l’armée saoudienne au Yémen.